Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/249

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certaines occasions ; on n’aura pas à la campagne ce qu’il faudroit pour bien recevoir ses amis, dont la visite est imprévue ; les habits nécessaires, selon les règles de la bienséance, pour paroître avec honneur dans une assemblée, ne se trouveront pas où l’on sera ; les meilleures provisions de vin et de blé sont gâtées, et il n’en reste que ce qu’il y avoit de méchant, sans qu’on y puisse suppléér : tout manquera dans un voyage, la chambre, le lit, la nourriture, le service. En un mot, pour riche que l’on soit, il est aisé d’avoir souvent besoin de quelque chose, et c’est être véritablement pauvre en ces temps-là, Philothée, acceptez-en donc l’occasion de bon cœur, et en souffrez la peine avec joie.

Quand vous ferez quelque perte, grande ou petite, par quelqu’un des accidens dont la vie est fort mêlée ; comme une tempête, le feu, une inondation, la stérilité, un larcin, un procès ; c’est alors le véritable temps de pratiquer la pauvreté, en recevant avec douceur d’esprit cette diminution de vos biens, et vous y accommodant avec toute la fermeté de la patience chrétienne. Esaü se présenta à son père avec ses mains couvertes de poil, et Jacob en fit autant ; mais parce que le poil qui couvroit les mains de Jacob ne tenoit pas à sa peau, mais seulement à ses gants, on pouvoit le lui arracher sans l’écorcher ni le blesser ; au contraire, parce que le poil