Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/258

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mérite, et c’est toujours un piège pour eux, dans lequel ayant donné à l’aveugle, ils s’embarrassent si fort, qu’ils ne peuvent plus s’en sortir. Les autres se laissent aller à cela par vanité, persuadés qu’ils veulent être, qu’il y a de la gloire à s’assujettir un cœur ; et ceux-ci font un grand discernement des personnes, voulant entreprendre celle dont l’attachement leur peut faire plus d’honneur. Dans plusieurs, l’inclination naturelle et la vanité conspirent également à cette folle conduite ; car bien qu’ils aient du penchant à aimer et à vouloir être aimés, ils prétendent cependant l’accorder avec le désir de cette vaine gloire. Ces amitiés, Philothée, sont toutes mauvaises, folles et vaines : elles sont mauvaises, parce qu’elles se terminent ordinairement par les plus grands péchés de la chair, et qu’elles dérobent à Dieu, et à une femme, ou bien à un mari, un cœur et un amour qui leur appartiennent ; elles sont folles, parce qu’elles n’ont ni fondement ni raison : elles sont vaines, parce qu’il n’en revient ni utilité, ni honneur, ni joie ; au contraire, on y perd le temps, on y expose beaucoup son honneur, puisque la réputation en souffre ; et l’on n’en reçoit point d’autre plaisir que celui d’un empressement de prétendre et d’espérer, sans savoir ce que l’on prétend, ni ce qu’on espère. Ces foibles esprits s’entêtent toujours de la croyance qu’il y a je ne sais quoi à dé-