Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/259

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sirer en ce témoignage qu’on se donne d’un d’amour réciproque, et ils ne peuvent dire ce que c’est. Malheureux qu’ils sont encore en ce point-là, que ce désir, bien-loin de s’éteindre, agite leur cœur par de perpétuelles défiances, jalousies et inquiétudes ! Saint Grégoire de Nazianze, écrivant sur cela contre ces femmes si vaines, en parle excellemment bien, et voici un petit fragment de son discours, lequel peut être également utile aux deux sexes. C’est assez, dit-il à une femme, que votre beauté vous rende agréable aux yeux de votre mari ; si pour vous attirer une estime étrangère, vous en exposez les attraits à d’autres yeux, comme l’on tend des filets à des oiseaux qui s’y laissent prendre, que croyez-vous qu’il en doive arriver ? indubitablement celui à qui votre beauté plaira, vous plaira lui-même ; vous rendrez regard pour regard, œillade pour œillade ; les doux souris suivront les regards, et ils seront eux-mêmes suivis de ces demi-mots qu’une passion naissante arrache à la pudeur. Après cela on se verra bientôt librement : la liberté tournera en une mauvaise familiarité d’enjouemens indiscrets, et puis… Mais taisez-vous ici, ma langue, qui en voulez trop dire, et ne parlez pas de la suite. Cependant je dirai encore une vérité générale ; jamais rien de toutes ces folles complaisances entre les jeunes gens et