Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les femmes, soit pour les actions, soit pour les paroles, n’est exempt de plusieurs atteintes que les sens et le cœur souffrent, parce que tout ce qui fait le commerce des amitiés sensuelles se tient l’un à l’autre, et s’entre-suit par une manière d’enchainement, comme un anneau de fer attiré par l’aimant en tire plusieurs autres.

O que ce grand Évêque en parle bien ! car enfin, que pensez-vous faire ? donner de l’amour seulement ? vous vous trompez ; jamais personne n’en donne volontairement sans en prendre nécessairement : à ce mauvais jeu, qui prend est toujours pris : le cœur n’est que trop semblable à l’herbe nommée atproxi, laquelle de loin prend feu aussitôt qu’on le lui présente. Mais, dira quelqu’un, j’en veux bien prendre, pourvu que ce ne soit pas beaucoup. Hélas ! que vous vous amusez, ce feu d’amour et plus actif et plus pénétrant que vous ne pensez. Si vous croyez n’en recevoir qu’une étincelle, vous vous étonnerez d’en avoir tout d’un coup votre cœur embrasé. Le Sage s’écrie : qui aura compassion de l’enchanteur, qui s’est laissé piquer par un serpent ? Et je m’écrie après lui : ô aveugles et insensés ! pensez-vous donc enchanter l’amour, pour en disposer à votre gré ? vous voulez vous divertir avec lui, comme avec un serpent ; il fera couler tout son poison en votre