Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/262

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fort grand, il tire tout le suc de la terre ; qu’il lui fait perdre l’air et la chaleur du soleil par son feuillage extrêmement étendu et touffu, et qu’il attire encore les passans, qui, pour avoir de son fruit, y font un grand dégât. C’est le symbole des amitiés sensuelles : elles occupent si fort une âme, et épuisent tellement ses forces, qu’il ne lui en reste plus pour la pratique de la Religion ; elles offusquent entièrement la raison par tant de réflexions, d’imaginations, d’entretiens et d’amusemens, qu’elle n’a presque plus d’attention, ni à ses propres lumières, ni à celles du ciel ; elles attirent tant de tentations, d’inquiétudes, de soupçons et de sentiments contraires à son vrai bien, que le cœur en souffre un dommage incroyable. En un mot, elles bannissent non-seulement l’amour céleste, mais encore la crainte de Dieu ; elles énervent l’esprit, elles flétrissent la réputation, elles font le divertissement des cours, mais elles sont la peste des cœurs.


CHAPITRE XIX.

Des vraies Amitiés.


O PHILOTHÉE ! aimez toutes sortes de personnes d’un grand amour de charité ; mais ne liez d’amitié qu’avec celles dont le commerce vous peut être bon ; et plus vous le rendrez parfait, plus aussi votre