Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/266

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que saint Pierre chérissoit tendrement saint Marc et sainte Pétronille, ses enfans spirituels, comme saint Paul les siens, et principalement son cher Timothée et sainte Thècle. Saint Grégoire de Nazianze, l’ami de saint Basile, se fait un honneur et un plaisir de parler souvent de leur amitié, et voici la description qu’il en fait. Il sembloit qu’il n’y eût en nous qu’une seule âme pour animer deux corps ; et il ne faut donc pas croire ceux qui disent que chaque chose est en elle-même tout ce qu’elle est, et non pas dans un autre ; car nous étions tous deux en l’un de nous, et l’un étoit en l’autre. Une seule et même prétention nous unissoit dans le dessein que nous avions de cultiver la vertu en nous, et de conformer notre vie à l’espérance du ciel, travaillant tous deux comme une seule et même personne à sortir de cette terre périssable avant que d’y mourir. Saint Augustin témoigne que saint Ambroise aimoit uniquement sainte Monique, pour les rares vertus qu’il voyoit en elle, et qu’elle-même chérissoit le saint Prélat comme un Ange de Dieu.

Mais j’ai tort de vous arrêter à une chose qui ne souffre aucun doute. Saint Jérôme, saint Augustin, saint Grégoire, saint Bernard, et tous les plus grands Serviteurs de Dieu, ont eu des amitiés particulières, sans qu’elles aient donné aucune atteinte à leur perfection. Saint