Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/265

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tés ; mais dans le monde, il est nécessaire que ceux qui prennent le parti de la vertu, s’unissent par une sainte amitié, pour s’animer et se soutenir dans ses exercices. Dans la Religion, les voies de Dieu sont aisées et applanies ; et ceux qui y vivent sont semblables aux voyageurs qui marchant en une belle plaine, n’ont pas besoin de se prêter la main ; mais ceux qui vivent dans le siècle, où il y a tant de mauvais pas à franchir pour aller à Dieu, sont semblables aux voyageurs, qui dans les chemins difficiles, rudes ou glissans, se tiennent les uns aux autres pour s’y soutenir, et pour y marcher avec plus de sûreté. Non, dans le monde, tous ne conspirent pas à la même fin, et n’ont pas le même esprit ; et c’est ce qui fonde la nécessité de ces liaisons particulières, que le Saint-Esprit forme et conserve entre les cœurs qui veulent également lui être fidèles. J’avoue que cette particularité fait une partialité, mais une partialité sainte, qui ne cause aucune séparation que celle du bien et du mal, des brebis fidèles à leur pasteur, et des chèvres ou des boucs, des abeilles et des frelons : séparation absolument nécessaire.

Certes, l’on ne sauroit nier que Notre-Seigneur n’aimât d’une plus douce et plus spéciale amitié saint Jean, Marthe, Madeleine, et Lazare leur frère, puisque l’Évangile nous le marque assez. On sait