Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/289

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par incivilité ; mais vous devez y satisfaire avec un soin raisonnable, tâchant d’éviter également la rusticité et la légèreté.

Je n’ai donc plus qu’à vous parler des conversations utiles, et qui sont celles des personnes dévotes et vertueuses : Ô Philothée ! ce vous sera toujours un grand bien d’en trouver de semblables. La vigne plantée parmi les oliviers porte des raisins onctueux, et qui ont le goût de l’olive ; sachez aussi qu’une âme qui se trouve souvent avec des gens de bien, en prend infailliblement les bonnes qualités, et que leur conversation nous est toujours un grand moyen d’avancer dans la vie spirituelle : les bourdons seuls ne peuvent faire de miel, mais ils aident les abeilles à le faire.

Les manières naturelles et simples, modestes et douces, sont les plus estimées dans les conversations ; et il y a des gens qui n’y font et qui n’y disent rien qu’avec tant d’artifice, que chacun en est dégoûté ; et je ne m’en étonne pas. Celui qui ne voudroit se promener qu’en comptant ses pas, ni parler qu’en chantant, se rendroit un homme fort fâcheux aux autres ; ceux aussi qui ne parlent et qui n’agissent que d’une manière toujours mesurée, et comme en cadence, gâtent extrêmement une bonne conversation ; et ces gens-là portent partout je ne sais quel esprit de présomption. Une joie douce et modérée doit être l’âme de la conversation : aussi