Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/288

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avec votre cœur ; mais si quelque juste raison vous oblige à ces devoirs, allez, au nom de Dieu, et voyez votre prochain de bon œil et de bon cœur.

L’on appelle mauvaise conversation celle où il y entre une mauvaise intention, ou bien une mauvaise liaison de personnes indiscrètes, libres et dissolues : et il faut absolument s’en éloigner, comme les abeilles s’éloignent d’un amas de frelons et de taons ; car si l’haleine et la salive de ceux qui ont été mordus d’un chien enragé est fort dangereuse, principalement aux enfans et aux personnes d’une complexion délicate, le commerce de ces personnes vicieuses n’est pas moins à craindre, surtout pour ceux dont la vertu est encore tendre, foible et délicate.

Il y a des conversations qui sont inutiles à toute autre chose, qu’à soulager agréablement l’esprit fatigué des occupations sérieuses ; et comme l’on ne doit pas s’en faire un amusement d’oisiveté, l’on peut aussi y donner le temps nécessaire à une honnête récréation.

Il est d’autres conversations qui ne sont que d’honnêteté, telles que celles des visites réciproques, et de certaines assemblées où l’on se trouve pour faire honneur à son prochain : or, il ne faut ni s’acquitter de ces devoirs avec une crainte inquiète et surperstitieuse de manquer aux plus petites choses, ni les mépriser ou les négliger