Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/314

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Premièrement, l’on ne doit blâmer les vices du prochain que par la raison de l’utilité, ou de celui qui en parle, ou de ceux à qui on parle. L’on raconte devant les jeunes personnes les familiarités indiscrètes et dangereuses de tels et telles, la dissolution d’un tel ou d’une telle en paroles, ou en beaucoup de manières contraires à la pudicité. Hé bien ! si je ne blâme pas avec liberté cette conduite, et que je la veuille excuser, ces âmes tendres qui écoutent cela, prendroient occasion de s’en permettre autant. Il est donc de leur utilité que je blâme sur-le-champ ce que l’on en dit, à moins que je ne remette ce bon office à un temps plus convenable, et à une occasion ou la réputation de ces personnes en souffrira moins.

Il faut, en second lieu, que j’aie quelque obligation de parler, comme si j’étois des premiers de la compagnie, et que mon silence dût passer pour une approbation ; que, si je suis des moins considérable, je ne dois pas entreprendre de rien censurer, mais je dois avoir une grande justesse en mes paroles, pour ne dire que ce qu’il faut. Par exemple, s’il s’agit de quelque familiarité entre deux jeunes personnes, ô Dieu, Philothée, je dois tenir la balance bien juste, et ne rien y mettre qui diminue, ou exagère le fait. Si donc il n’y a dans la chose qu’une foible apparence, ou qu’une simple imprudence, je ne dirai