Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne mourut tout entier : ces paroles lui semblèrent après trop affectées et artificieuses, et il les blâma dans le Livre de ses Rétractations, où il les appelle une grande ineptie. Voyez-vous, Philothée, la délicatesse de cette sainte et belle âme sur l’affectation des paroles : certainement c’est un grand ornement de la vie chrétienne, que la fidélité, la sincérité et la naïveté du langage. Je l’ai dit et je le ferai, protestoit le saint Roi David, j’observerai mes voies, de peur que ma langue ne me rende coupable de quelque péché. Hé ! Seigneur, mettez une garde à ma bouche ; et pour que rien de blâmable n’en sorte, attachez la circonspection à mes lèvres.

C’est un avis du Roi saint Louis de ne contredire personne, sinon en cas de péché ou de quelque dommage, afin d’éviter toutes les contestations ; mais quand il est nécessaire de contredire les autres, et d’opposer son opinion à la leur, ce doit être avec tant de douceur et de ménagement que l’on ne paroisse pas vouloir faire de violence à leur esprit : aussi-bien ne gagne-t-on rien en prenant les choses avec chaleur.

La règle de parler peu, si recommandée par les anciens Sages, ne se prend pas en ce sens, que l’on dise peu de paroles, mais que l’on n’en dise pas beaucoup d’inutiles ; par en ce point-là, l’on n’a pas égard à la quantité, mais à la qualité ; et il faut, ce me semble, éviter deux extrémités. La