Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des divertissemens dangereux comme les danses, mais ils sont absolument, et de leur nature, mauvais et blâmables ; c’est pourquoi ils sont défendus par les Lois civiles et ecclésiastiques. Mais quel grand mal y a-t-il, direz-vous ? Je vous réponds que le gain n’étant pas réglé dans ces jeux par la raison, mais par le sort qui tombe bien souvent à celui dont l’industrie ne mérite rien, ce dérèglement est contraire à la raison. Mais, répliquez-vous, nous en sommes ainsi convenus ; je vous réponds aussi, que cela est bon pour justifier que celui qui gagne ne fait point tort aux autres ; cependant, il ne s’ensuit pas que la convention ne soit déraisonnable, et le jeu aussi, parce que le gain qui doit être le prix de l’industrie, devient le prix du sort, lequel ne dépendant nullement de nous, ne mérite rien.

De plus, le jeu n’est fait que pour nous divertir ; et néanmoins ces jeux de hasard ne sont point de véritables divertissemens, mais des occupations violentes ; car n’est-ce pas une violente occupation, que d’y avoir toujours l’esprit bandé avec une contention forcée et agitée par des inquiétudes et des vivacités continuelles ? Y a-t-il aucune application d’esprit plus mélancolique, plus sombre et plus chagrine que celle des joueurs, qui se dépitent et s’emportent, si l’on dit un mot, si l’ont rit tant soit peu, si l’on tousse seulement ?