sa méditation étoit de penser qu’en appretant à manger pour son père, elle travailloit pour Notre-Seigneur, comme sainte Marthe ; que sa mère tenoit la place de Notre-Dame, et ses frères celles des Apôtres : de sorte qu’elle excitoit vivement sa ferveur à servir ainsi en esprit toute la Cour céleste, et que la conviction de faire en tout cela la volonté de Dieu, pénétroit son âme d’une merveilleuse suavité. Je vous ai rapporté cet exemple, Philothée, pour vous faire comprendre l’importance qu’il y a de faire nos actions, quelque petites et basses qu’elles puissent être, en vue du service de Dieu.
Pour cela je vous conseille, autant que je puis, d’imiter la femme forte, que Salomon a tant louée, de ce que toute occupée qu’elle étoit souvent de plusieurs actions : grandes et éclatantes, elle ne laissoit pas de filer sa quenouille. Faites de même, appliquez-vous beaucoup à la prière et à la méditation, à l’usage des Sacremens, à instruire et à consoler les autres, à inspirer l’amour de Dieu au prochain, à faire tout ce que votre vocation renferme d’œuvres les plus importantes et les plus excellentes ; mais n’oubliez pas le fuseau et la quenouille, c’est-à-dire, pratiquez ces petites et humbles vertus qui naissent comme de fleurs au pied de la croix ; le service des pauvres, les visites des malades, les petits soins d’une famille et les bonnes