Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/348

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Ainsi, sainte Monique combattit avec tant de ferveur et de constance les mauvaises inclinations de son fils, que l’ayant suivi par mer et par terre, elle obtint de Dieu sa conversion ; et il fut plus heureusement l’enfant de ses larmes que de son sang.

Saint Paul, dans les règles qu’il donne de l’économie chrétienne, laisse en partage aux femmes le soin de la maison : et véritablement l’on a raison de croire que leur piété est plus utile au bon ordre d’une famille que celle de leurs maris, qui sont trop occupés des affaires du dehors, pour pouvoir régler leur domestique. C’est aussi pour cette raison, que Salomon, en ses Proverbes, attribue l’ordre et le bonheur de la famille à la prudence et aux soins de la femme forte dont il nous fait le caractère.

L’Écriture nous apprend qu’Isaac pria le Seigneur pour Rebecca sa femme qui étoit stérile ; et le Texte Hébreux marque que l’un et l’autre prioit chacun de son côté, et leur prière fut exaucée. Voilà justement la plus excellente et la plus utile union qui puisse être entre un mari et une femme, que celle de la dévotion à laquelle ils se doivent porter l’un l’autre avec une sainte émulation. Car un homme sans la dévotion est naturellement fâcheux, violent, dur et incommode, et semblable à ces fruits qui, ayant un suc trop âpre, comme le coin, ne sont guères bons qu’en confiture. Et une femme sans la dévotion est extrêmement