Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le Dieu de vérité vous couronnera éternellement ? Les vains plaisirs des années passées viendront encore flatter votre cœur pour le rengager dans leur commerce ; mais voudriez-vous renoncer aux délices de l’éternité, pour des légèretés si trompeuses ! Croyez-moi, si vous persévérez, vous verrez bientôt votre persévérance récompensée de consolations si délicieuses, que vous avouerez que le monde n’a que du fiel, en comparaison de ce miel céleste, et qu’un seul jour de dévotion vaut mieux que mille années de la vie mondaine.

Mais vous considérez la hauteur de la montagne, où se trouve la perfection chrétienne : eh comment, dites-vous, y pourrai-je monter ? Courage, Philothée, les nymphes des abeilles (c’est ainsi qu’on appelle leurs petits moucherons qui ne commencent qu’à prendre leur forme) n’ont pas encore d’ailes pour s’en aller cueillir le miel sur les fleurs des montagnes et des collines ; mais se nourrissant peu à peu du miel que leurs mères leur ont préparé, les ailes leur viennent, et elles se fortifient si bien, qu’enfin elles prennent l’essor, et volent jusqu’aux lieux les plus élevés, Il est vrai, nous devons nous considérer comme de petits moucherons dans les voies de la dévotion, dont nous ne pouvons pas, comme nous voudrions, avoir tout d’un coup la perfection : mais commençons toujours à nous y former par