Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/370

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lui plaît ou lui déplait ; troisièmement, elle y consent ou le rejète. Voilà les degrés qui conduisent à l’iniquité, la tentation, la délectation et le consentement ; et quoique ces trois choses ne se distinguent pas si évidemment en toutes sortes de péchés, on les connoît pourtant sensiblement dans les grands péchés.

Quand une tentation dureroit toute notre vie, elle ne peut nous rendre désagréables à la divine Majesté, pourvu qu’elle ne plaise pas, et que nous n’y consentions point, parce que, dans la tentation nous n’agissons pas, mais nous souffrons ; puisque nous n’y prenons point de plaisir, elle ne peut en aucune manière nous rendre coupables. Saint Paul souffrit longtemps des tentations de la chair, et tant s’en faut qu’elles le rendissent désagréable à Dieu, qu’au contraire Dieu en étoit glorifié. La bien heureuse Angèle de Foligni en fut aussi si cruellement tourmentée, qu’elle fait pitié quand elle les raconte, Celles de saint François et de saint Benoit ne furent pas moins fâcheuses, lorsque l’un se jète dans les épines, et l’autre dans la neige pour les combattre ; et cependant, bien loin d’en perdre rien de la grâce de Dieu, ils l’augmentent de beaucoup en eux.

Il faut donc avoir un grand courage, Philothée, dans les tentations, et ne se croire jamais vaincu, tandis qu’elles déplaisent : observant bien la différence qu’il