dont nous avons parlé, écoute non-seulement la proposition déshonnête qui lui est faite, mais y prend plaisir, et en occupe son cœur avec joie, elle est fort blâmable ; car bien qu’elle n’en veuille pas l’exécution, elle consent néanmoins à l’application de son cœur sur cet objet déshonnête, par le plaisir qu’elle y prend : or, la seule application volontaire du cœur à la déshonnêteté est mauvaise, comme celle même des sens ; de sorte que la déshonnêteté consiste tellement en cette application volontaire du cœur, que sans elle l’application des sens ne peut être un péché.
Lors donc qu’une tentation s’élèvera en vous, considérez si vous vous l’êtes attirée volontairement, parce que c’est un péché que de se mettre en danger de pécher ; et cela suppose que vous ayiez pu raisonnablement éviter l’occasion, et que vous ayiez prévu ou dû prévoir la tentation qui vous en devoit venir ; mais si vous n’avez donné nul sujet à la tentation, elle ne peut aucunement vous être imputée à péché.
Quand on a pu éviter la délectation qui suit la tentation, et qu’on ne l’a pas évitée, il y a toujours quelque sorte de péché, à proportion qu’on s’y est peu ou beaucoup arrêté, et selon la cause du plaisir qu’on y a pris. Une femme qui, n’ayant donné aucun sujet à la cajolerie, y prend pourtant plaisir, ne laisse pas d’être blâmable, si le plaisir qu’elle y prend n’a point