d’autre cause que la cajolerie même ; car si celui qui veut lui inspirer de l’amour jouoit en perfection du luth, et qu’elle prit plaisir, non pas à sa mauvaise recherche, mais à l’harmonie et à la douceur du luth, il n’y auroit point de péché pour elle, bien qu’elle ne dût pas prendre longtemps ce plaisir, de peur de passer à celui d’être recherchée : de même encore, si l’on me propose un stratagème fort artificieux de me venger de mon ennemi, et que je ne donne aucun consentement à la vengeance, ni y prenne aucun plaisir, mais seulement à la subtilité de cet artifice, sans doute je ne péche point ; mais il n’est pas expédient que je m’arrête beaucoup à ce plaisir, de peur qu’il ne me porte peu à peu à celui de la vengeance même.
On est quelquefois surpris des impressions de la délectation, qui suit immédiatement la tentation, avant qu’on s’en soit bien aperçu ; et cela ne peut être qu’un péché véniel assez léger, lequel cependant devient plus grand, si après que l’on a reconnu le mal distinctement, on demeure par négligence quelque temps à prendre son parti sur l’acceptation ou le refus de cette délectation ; et le péché sera encore plus grand, si l’ayant reconnue, on s’y arrête quelque temps par une vraie négligence, et sans aucune sorte de volonté de la rejeter. Mais lorsque volontairement et de propos délibéré, nous sommes résolus de