Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/382

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y arrêtez votre esprit, elle pourroit ébranler votre cœur, principalement quand elle est forte ; donnez donc un détour à votre esprit, par quelque occupation bonne et louable, qui puisse aussi, par l’attachement que votre cœur y prendra, éteindre le sentiment de la tentation,

Le grand remède contre toutes les tentations, grandes ou petites, c’est d’ouvrir son cœur à son Directeur, en lui faisant connoître les suggestions de l’ennemi et les impressions qu’elles font : car, observez que le silence est toujours la première condition que l’ennemi impose à celui qu’il veut séduire, en la manière qu’un libertin qui entreprend une femme ou une fille, l’engage d’abord à tenir leur commerce fort secret, ou à son mari ou à son père : conduite du Démon, toute opposée à celle de Dieu, qui nous oblige absolument de faire examiner ses inspirations par nos supérieurs et par nos directeurs. Que si après cela, la tentation s’opiniâtre à nous persécuter et à nous fatiguer, nous n’avons rien à faire qu’à lui refuser, avec une généreuse opiniâtreté, le consentement de notre cœur. Une personne ne peut être mariée pendant qu’elle dit non ; et une âme n’est jamais vaincue par la tentation, tandis qu’elle dit aussi non.

Ne disputez jamais avec votre ennemi, et ne lui répondez à toutes choses que par ces paroles, avec lesquelles le Sauveur le