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CHAPITRE XI.

De l’Inquiétude.


L’INQUIÉTUDE n’est pas une simple tentation, mais une mauvaise source de plusieurs tentations ; et il est nécessaire que je vous en parle.

La tristesse n’est autre chose que la douleur que notre esprit ressent du mal que nous souffrons malgré nous ; soit qu’il soit extérieur, comme la pauvreté, la maladie, le mépris ; soit qu’il soit intérieur, comme l’ignorance, la sécheresse du cœur, la répugnance au bien, la tentation. Lors donc que l’âme sent quelque mal, elle a du déplaisir de l’avoir, et voilà la tristesse. Le désir d’être affranchi du mal et d’avoir les moyens de s’en délivrer, suit incontinent la tristesse ; jusques-là nous avons raison, car naturellement chacun désire le bien et fuit le mal.

Si l’âme cherche les moyens d’être délivrée de son mal pour l’amour de Dieu, elle les cherchera avec patience et douceur, humblement et tranquillement, attendant beaucoup plus sa délivrance de l’aimable providence de Dieu, que de son industrie, de ses soins et de ses peines. Si son amour-propre lui fait chercher son soulagement, ce sera avec beaucoup d’empressement et de chaleur, comme si ce