Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/394

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L’on peut dire même, que tout livré qu’il est pour toute l’éternité à la tristesse la plus désespérée, il voudroit que tous les hommes fussent tristes comme lui.

La mauvaise tristesse trouble l’âme, l’inquiète, inspire des craintes déréglées, dégoûte de l’Oraison, accable l’esprit d’un assoupissement mortel, l’empêche de profiter des bons conseils, de juger sainement des choses, de prendre aucune résolution, ou d’avoir le courage et la force de rien exécuter. En un mot, elle fait sur les âmes les mêmes impressions qu’un froid excessif fait sur les corps, qui deviennent comme perclus et incapables de tout mouvement.

Si jamais, Philothée, votre cœur est atteint de cette mauvaise tristesse, servez-vous bien de ces règles : Quelqu’un de vous est-il triste ? dit St. Jacques, qu’il prie. En effet, la prière est un souverain remède, puisqu’elle élève l’esprit à Dieu, qui est notre joie et notre consolation. Mais employez dans votre prière ces paroles et ces affections qui inspirent la confiance en Dieu et en son amour : ô Dieu de miséricorde ! ô Dieu infiniment bon ! mon Sauveur débonnaire ! ô le Dieu de mon cœur, ma joie et mon espérance ! ô le cher Époux de mon âme ! ô le bien-aimé de mon cœur !

Combattez vivement ce que vous pouvez sentir d’inclination à la tristesse ; et bien qu’il vous semble que ce soit froidement