Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/404

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passions, plus attachés à nos exercices, plus disposés à l’obéissance, plus simples en notre conduite ; concluez, dis-je, Philothée, qu’indubitablement elles viennent de Dieu ; mais si ces douces tendresses n’ont de la douceur que pour nous, et qu’elles nous rendent curieux, aigres, pointilleux, impatiens, opiniâtres, fiers, présomptueux, durs au prochain, et que, pensant être déjà de petits saints, nous ne voulions plus souffrir de direction, ni de correction ; concluez qu’indubitablement ce sont des consolations fausses et pernicieuses : un bon arbre ne produit que de bons fruits.

4. Quand nous aurons ces douces consolations, il faut premièrement nous humilier beaucoup devant Dieu : gardons-nous bien de dire pour ces douceurs : ô que je suis bon ! Non, Philothée, ce ne sont pas des biens qui nous rendent meilleurs : car, comme je l’ai dit, la dévotion ne consiste pas en cela ; mais disons : O que Dieu est bon à ceux qui espèrent en lui, à l’âme qui le cherche ! Qui a du sucre en sa bouche, ne peut pas dire que sa bouche soit douce ; bien qu’aussi cette consolation si douce soit fort bonne, et que Dieu qui vous la donne soit très-bon, il ne s’ensuit pas que celui qui la reçoit soit bon. 1. Reconnoissons que nous sommes encore de petits enfans qui avons besoin de lait, comme dit St. Pierre, parce que foibles et délicats que nous sommes, nous ne pou-