Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/466

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de plus affreux aux sens et à la nature..

Je consens, ô mon Dieu, à la séparation de mon âme avec mon corps, en punition de ce que par mes péchés je me suis séparé de vous ; j’accepte la privation de l’usage de mes sens, en satisfaction des péchés que j’ai commis par eux.

J’accepte, ô mon Dieu, que je sois foulé aux pieds, et caché en terre, pour punir non orgueil, qui n’a fait chercher à paroître aux yeux des créatures ; j’accepte qu’elles m’oublient, et qu’elles ne se souviennent plus de moi, en punition du plaisir que j’ai eu d’être aimé d’elles.

J’accepte la solitude et l’horreur du tombeau, pour réparer mes dissipations et mes amusemens ; j’accepte enfin la réduction de mon corps en poudre et en cendre, et qu’il soit la pâture des vers, en punition de l’amour désordonné que j’ai eu pour mon corps. O poudre ! ô cendre ! Ô vers ! je vous reçois, je vous chéris, et vous regarde comme les instrumens de la justice de mon Dieu, pour punir la superbe et l’orgueil qui m’a rendu rebelle à ses ordres : vengez ses intérêts, réparez les injures que je lui ai faites, détruisez ce corps de péché, cet ennemi de Dieu, ce membre d’iniquités, et faites triompher la puissance du Créateur sur la foiblesse de son indigne créature ; je m’y soumets, ô mon Dieu, et au jugement tel qu’il soit, que vous ferez de mon âme au moment de ma mort.