Page:De Sales - Introduction à la vie dévote, Curet, 1810.djvu/95

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tion, comme l’affection au péché mortel l’est à la charité ; elles rendent l’esprit languissant, elles éloignent les consolations divines, elles ouvrent le cœur aux tentations ; et bien qu’elles ne donnent pas la mort à l’âme, elles lui causent de grandes et dangereuses maladies. Les mouches mourantes, dit le Sage, font perdre à un beaume précieux toute la bonté de son odeur et toute sa vertu. Il veut dire que les mouches ne s’y arrêtant que légèrement, et n’en prenant que tant soit peu de la superficie, elles ne le gâtent pas dans toute sa masse, mais que si elles y meurent, elles le corrompent entièrement. De même, la dévotion ne souffre qu’une légère atteinte des péchés véniels que l’on commet de temps en temps ; mais s’ils forment dans l’âme une vicieuse habitude, ils détruisent entièrement la sainte dévotion.

Les araignées ne tuent pas les mouches à miel, mais elles gâtent leur miel ; et quand elles s’attachent à la ruche, elles en embarrassent si fort les rayons avec leurs toiles, que les abeilles ne peuvent plus y travailler : ainsi les péchés véniels ne donnent pas la mort à notre âme, mais ils altèrent la dévotion ; et si on les commet par une mauvaise inclination habituelle, il se fait dans l’âme je ne sais quel embarras d’habitudes vicieuses et de mauvaises dispositions, qui l’empêchent d’agir avec cette ferveur de charité en laquelle consiste la