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du Pais de Liége.

La punition ſuivit de près le crime. Le ſimulacre de l’Évêque & celui du Prince avec treize ou quatorze mille des Idolâtres, qui les avoient formés, furent détruits dans la bataille, que le Prince légitime fut obligé de leur livrer. Pluſieurs de ceux, qui eurent le malheur de ſurvivre à cette journée, aroſérent de leur ſang, des gibets de diférentes eſpéces, & leurs corps eurent pour ſépulture les carriéres du Païs. Ce qui reſta du Peuple, fut privé de ſes Oficiers Municipaux, ou Maîtres de la Cité, de tous ſes Droits, Priviléges, Libertés, Tréſors imagi-


    qui restérent ſur le champ de bataille. Jean de Stavelot, ne le compoſe que de 8368. Zanfliet le fait monter à 13000. Ces deux Écrivains, ajoute-t-il, furent témoins oculaires. Uterque cladem ipſam vidit. Montrelet, continuë Fiſen, porte ce nombre à 28000. & Sufride à 36000. Foullon eſt d’avis que ces deux derniers exagérent, & que l’on doit s’en tenir à Zantfliet, ſelon lequel l’armée Liégeoiſe n’étoit éfectivement, que de 15700. hommes tant d’Infanterie que de Cavalerie, Leodienſibus aſtimatis ad 15. millium, cum Equitibus ferè ſeptingentis… & de exercitu Leodienſium & Hoyenſium perierunt illic circiter 13. millia. Ce ſont les termes de Zantfliet, ſuivi auſſì par Boüille. Le Protecteur de l’Etat, Henri de Horne, & le prétendu Evêque Thierri ſon fils, furent du nombre.

    Les vaincus demandérent alors la paix, elle leur fut acordée, à de terribles conditions.

    Le Clergé, & le Peuple, hommes & femmes, allérent deux à deux trouver Jean de Baviere dans le camp des Princes, & lui demander miſéricorde.

    De ce nombre 122. furent décapités, un fut écartelé. Leurs corps furent jétés dans les carriéres.

    Le même jour le Légat de l’Antipape Benoît envoïé à Liége, pour apuïer le parti de l’Anti-Evêque Thierri, & un nommé Iſuin, commis par ce dernier, pour remplir les fonctions Epiſcopales, furent précipités dans la Meuſe avec 14. de leurs adhérans.

    Les Liégeois renoncérent à tous leurs Priviléges, dont ils remirent les Lettres à Jean de Baviere, par l’ordre duquel elles furent briſſées, avec toutes les Enſeignes des Compagnies Bourgeoiſes, qu’il s’étoit pareillement fait aporter.

    Il ſe réſerva du conſentement du Peuple, la liberté de faire punir le reſte des Auteurs de la ſédition, qui avoient pris la ſuite, & de les arêter quelque part qu’ils fuſſent trouvés.

    L’État s’obligea de lui païer 22000. écus d’or, pour les frais de la guerre ;& pour la ſureté de l’acomplissement de ces Conditions, on lui donna 50. Otages, qu’il diſperſa ſous bonne garde, en diférens endroits.

    Jean de Baviere fit enſuite faire, avec beaucoup de ſoin, la recherche des fugitifs, auteurs de tous ces maux. Par-tout où ils étoient arêtés, ils étoient punis ſur le champ. Les uns furent pendus, les autres rompus vifs, plusieurs écartelés, un grand nombre, atachés deux à deux, précipités dans la Meuſe du haut de ſes ponts,

    Cette afreuſe exécution dura environ un an, pendant lequel, on ne voloit, dit le P. Boüille, après Mezerai, aux environs de Liége, & des autres