Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/102

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gros ; l’autre menu ; l’un courbé ; l’autre droit ;
Il y monte ; il y glisse ; il vole en chaque endroit.
Au plus haut des trois mats, il guinde les neuf voiles,
Et puis il les abaisse, en repliant ces toiles :
L’estandart sur la poupe ondoye au gré des vents,
Et meinte banderolle, à plis tousjours mouvans.
A l’entour des vaisseaux, regne la pavesade ;
Et pour les arrester sur l’estrangere rade,
Les anchres et leur chable, attachez à leur bord,
Sont aupres de l’esquif, qu’on a tiré du port.
La savorne pesante, est mise à fonds de cale :
Qui sert de contre-poids, et rend la charge esgale :
Et sans plus m’amuser d’inutiles discours,
Ils ont tout ce qu’il faut aux vaisseaux de long cours.
Des armes, du biscuit, et des feux d’artifice,
Cruelle invention de l’humaine malice :
Du charbon et de l’eau, des lampes, des flambeaux,
Et tout cét atirail qu’on met dans les vaisseaux.
Or Rigilde qui voit du plus haut d’une roche,
Le labeur achevé ; le despart qui s’aproche ;
Maudit esgalement ses demons et son art,
Et se resout encor, d’empescher ce despart.
Pendant la sombre nuit, il se coule invisible,
Au fond d’un grand navire, où le sommeil paisible
Avoit tout assoupy du jus de ses pavots,
Et vaincu sans combat, soldats et matelots.
Il y met aussi-tost une meche allumée ;
Il remonte, et reprend sa place accoustumée ;
Et sur