Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/104

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qui paroist fecond,
De ce premier vaisseau, la porte en un second :
De ce second apres, au troisiesme elle passe :
La flotte entiere craint une mesme disgrace :
Ou plutost elle croit qu’elle s’en va perir,
Et que tout l’art humain, ne la peut secourir.
A ce bruit effroyable, Alaric qui repose,
S’esveille, ouvre un balcon, et voit quelle est la chose :
En sent une douleur, qu’on ne peut concevoir ;
Et sa foy toutesfois se fait encore voir.
Maistre des elemens, arreste cette flâme,
(Dit-il en eslevant et ses yeux et son ame)
Il y va de ta gloire, ô Dieu bon ; ô Dieu fort ;
A ces mots il descend, et vole vers le port.
O merveille estonnante, et difficile à croire !
Mais que nous raportons sur la foy de l’histoire ;
Le vent cesse à l’instant, et l’air est obscurcy :
On le voit tout couvert, d’un nuage espaissy :
Qui s’enfle ; qui grossit ; qui noircit ; et qui creve ;
Par un deluge d’eau, dont la terre s’abreve.
Elle tombe à grands flots, sur cét embrasement,
Et son humidité, l’estouffe en un moment :
De sorte qu’Alaric, que fait voler la crainte,
Arivant sur le port, trouve la flâme esteinte :
Et n’a plus rien à faire, apres cette faveur,
Q’à rendre avec respect, ses vœux au Dieu sauveur.
Il le fait avec joye ; il le fait avec zele ;
Il rassure la flotte, où son devoir l’apelle ;