Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/114

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Et l’odeur mortifere, où là conduit le sort,
Fait entrer avec elle, et la peste, et la mort.
Tout l’art des medecins, en vain luy fait la guerre :
Et n’esperant plus rien du costé de la terre ;
Et tout nostre secours devant venir des cieux ;
Nous y portons ensemble, et le cœur, et les yeux.
On consulte l’oracle, et l’oracle en colere,
Nous rend une response, aussi rude que claire ;
Qui porte que le mal ne cessera jamais,
Si pour punition des crimes qu’on a fais,
L’on n’immole une fille, à chaque fin d’année,
Aux manes de ce mort, victime couronnée.
Permettant toutesfois, lors que le sort jetté,
L’aura mise en estat de perdre la clarté,
Si quelque autre, l’aymant, vouloit mourir pour elle,
De donner de ses feux, cette marque fidelle ;
De fermer son tombeau ; d’en destourner ses pas ;
Et d’empescher sa mort, par son propre trespas.
Mais le ciel veut son sexe, et ne veut point le nostre :
Car le crime de l’un, n’avoit pas noircy l’autre :
Et si par ce grand mal, nostre sort estoit joint,
C’estoit par un secret, que l’homme n’entend point.
Cette loy, bien que dure, enfin est acceptée :
La premiere victime, alors est presentée :
Et de son sang tout chaud, une utile vapeur,
Monte jusques au ciel, qui n’est jamais trompeur.
Le venin s’affoiblit ; le cœur se fortifie ;
Le vent agite l’air, et puis le purifie ;
Et d’un