Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/160

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par un grand effort, et par un jeu fantasque,
S’enfonce presque entier dans le creux du grand casque :
Sous ce poids excessif il ne peut remuer,
Et son front accablé commence d’en suer.
L’autre inutilement veut prendre la cuirace :
Sous ce large plastron cét amour s’embarrasse :
Et de mains et de pieds, se debatant en vain,
On le voit succomber sous un trop grand dessein.
De ces jeunes enfans la troupe est occupée,
A lever seulement une pesante espée :
Ils en viennent à bout, mais ce fer glorieux,
Les emporte à la fin, et retombe avec eux.
L’un dans le grand bouclier qu’il a veu parmy l’herbe,
Par d’autres est traisné, tout fier et tout superbe :
Le plaisir qu’il reçoit esclate en ses regards,
Et ce jeune vainqueur croit triompher de Mars.
Alaric est charmé par un si rare ouvrage :
Mais encor qu’il l’arreste, un autre l’en desgage :
Dont le beau coloris fait juger ce qu’il est ;
Dont l’ordonnance est belle, et dont le dessein plaist.
Hercule dont la force a paru sans esgale,
Paroist assis aux pieds de la superbe Omphale :
Dont l’œil imperieux, plus puissant que le fer,
Fait trembler un heros qui fit trembler l’enfer.
Par le peintre infernal on voit bien exprimée,
L’affreuse et grande peau du lion de Nemée :
Et le poil long et roux de ce fier animal,
Couvre à demy le corps d’un heros sans esgal.