Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/166

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Par tout regne à l’entour, l’ombre opaque et couverte,
Que fait de ce jardin l’architecture verte :
Les preceptes de l’art y sont bien observez ;
Cabinets et berceaux ; portiques eslevez ;
Bases et chapiteaux, et colomnes superbes ;
D’un bel ordre tuscan regnent parmy les herbes :
Et font croire au heros, dont ils charment les yeux,
Que le palais de Flore est basty dans ces lieux.
Deux pavillons de marbre aux deux bouts d’une ovale,
Se presentent à luy sur une ligne esgale :
Entre ces beaux objets il les voit les premiers,
Qui s’eslevent en dome au milieu des palmiers.
Alaric va dans un ; et ce prince heroïque,
En ce lieu sombre et frais, trouve un bain magnifique :
Sa figure octogone est au soleil levant :
Quatre degrez de marbre enfoncez bien avant,
Sont propres à s’asseoir pres de l’onde argentée,
Dans la cuve de jaspe abondamment jettée.
Cette eau sort à grands flots, de l’urne de cristal,
Que tient sous le bras droit un fleuve de metal :
Qui parmy des roseaux, et des glaieuls humides,
Semble comme appuyer son front coupé de rides :
Pendant que d’une main on voit qu’il veut secher,
Le long poil tout moüillé qui paroist l’empescher :
Et secher à la fois sa barbe herissée,
Degoutant sous la main dont on la voit pressée.
Chaque angle à sa colomne, et l’on y voit encor,
Le linge et les parfums, en quatre vases d’or,