Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/167

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De qui les bas-reliefs sont superbement riches :
Quatre nimphes de marbre en quatre grandes niches,
Reprennent leurs habits comme sortant de l’eau,
Et descouvrent un corps aussi blanc qu’il est beau.
En sortant de ce lieu, basty par un fantosme,
L’invincible Alaric entre sous l’autre dome :
Il y trouve une grotte admirable en beauté,
Où l’on voit un meslange, et d’ombre et de clarté.
Cent rochers de cristal à pointes inesgales,
Sont parmy des rochers de rubis et d’opales :
Cent branches de coral de plus d’une couleur,
De la superbe grotte augmentent la valeur :
Et l’argent lumineux de la nacre changeante,
Imite de l’iris la splendeur inconstante.
Là brille l’esmeraude, et la pierre d’azur :
Là brillent les zaphirs d’un esclat vif et pur :
Là se voit la turquoise, ainsi que l’amethiste ;
Et le jaspe incarnat ; et celuy d’un vert triste ;
Et la perle barroque ; et la topase encor ;
Qui parmy son cristal fait voir un lustre d’or.
Là d’un esclat sanglant se voit la cornaline ;
Là d’un sable doré brille l’avanturine ;
Rien d’esclatant n’y manque, et l’œil n’y cherche pas,
Ni l’eau des diamants, ni le feu des granats.
Des bords de l’orient, et des climats barbares,
On voit le bel esmail en des coquilles rares :
Dont les diversitez, et les vives couleurs,
Parmy ce riche amas semblent semer des fleurs.