Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/238

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Qui de tout ce qu’on sçait, est le grand fondement,
Et qui forme l’esprit comme le jugement.
Elle jette dans nous les fertiles semences,
Qui produisent apres les hautes connoissances :
Elle ouvre les thresors d’où part tout nostre bien :
Avec elle on peut tout ; sans elle on ne peut rien :
Et d’une main adroite aussi bien que puissante,
Elle aprend à marcher à la raison naissante.
Aussi comme on tient tout de ses utiles mains,
Elle eut de grands honneurs des Grecs et des Romains :
Aucun ne luy refuse une estime si juste :
Flaccus grammairien, sous le regne d’Auguste,
Obtint une statuë ; et le grand Mecenas,
Esleva son Caius aussi haut qu’il fut bas.
Enfin cette grammaire est la porte sacrée,
Par où les triomphans font leur pompeuse entrée :
Il faut passer par elle avant que d’arriver,
Au temple de la gloire où l’on veut s’eslever.
Voicy pres des premiers, et comme sur leurs pistes,
Les livres meslangez des fameux humanistes :
Ils expliquent la fable, et les historiens ;
Ils dechiffrent l’obscur des autheurs anciens ;
Dans ces obscuritez ils portent la lumiere,
Afin d’en dissiper l’ignorance premiere :
Et par un art facile, autant qu’il est puissant,
Ils instruisent une ame en la divertissant.
Ils presentent aux yeux, comme de grands exemples,
Ces heros dont les faits ont merité des temples :