Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/239

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Ils font voir par ces faits le vice combatu,
Et quel est le laurier qu’on donne à la vertu.
De ces fameux autheurs l’agreable lecture,
Dans l’esprit qui les voit se change en nourriture :
Elle le fortifie ainsi que son desir ;
Et l’aliment est bon qu’on prend avec plaisir.
Ces charmans escrivains sont comme autant d’abeilles,
Qu’on voit tantost aux lis ; tantost aux fleurs vermeilles :
Des poëtes divins ils vont aux orateurs ;
L’on ne se lasse point en suivant ces autheurs :
Et leur diversité qui plaist à tout le monde,
Meine insensiblement à l’estude profonde.
Voicy des logiciens les livres espineux ;
Mais nostre foible esprit n’est armé que par eux :
Par eux seuls il discourt ; par eux il argumente ;
Par eux dans cét esprit la lumiere s’augmente ;
Par eux seuls il accuse ; il refute ; il predit ;
Il distingue ; il respond ; il preuve ; il definit ;
Et le faux, et le vray, comme le vray-semblable,
Sont distinguez par eux dans l’ame raisonnable.
Sans leur ordre excellent rien ne peut estre beau :
Dans les discours obscurs ils portent le flambeau :
Convainquent la raison ; la forcent de se rendre ;
Et par eux nous sçavons attaquer et deffendre ;
Et par eux seulement nous avons aujourd’huy,
Aristote pour guide, et Platon comme luy.
Par eux nous connoissons, et le genre, et l’espece ;
Le different ; le propre ; et l’estre, et sa noblesse :