Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/240

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Estres universels ; estres particuliers ;
Et rien ne peut payer ces livres singuliers ;
Et rien ne peut payer ces traitez de logique ;
Par qui de la raison l’éclat se communique ;
Et qui font voir aux sens le vray comme le faux,
Pour arriver au bien en évitant les maux :
Nous faisant descouvrir par un si bon office,
Du sophiste trompeur le malin artifice.
Eutideme, Cleanthe, et Chrysipe trop fin ;
Prothagoras, Dion, Gorgias Leontin ;
Et mille autres encore aussi dignes de blasme,
Par leurs fausses couleurs abuseroient nostre ame,
Si nous n’allions chercher pour sauver sa raison,
Dans ces premiers autheurs son vray contre-poison.
Voicy des orateurs la troupe illustre et grande,
Par qui la rethorique, esmeut, plaist, et commande :
Fait pancher nostre esprit au gré de son desir ;
Et d’un art tout puissant nous force avec plaisir.
Par eux nous aprenons comme au cœur magnanime,
Un juste sentiment passe, agit, et s’imprime :
Comment on persuade une bonne action ;
Comment la verité trouve protection ;
Comment on fait connoistre enquoy gist la justice ;
Comment une ame forte est mise en exercice ;
Par quel art on peut rendre un esprit genereux ;
Les moyens d’adoucir un courroux dangereux ;
Par où l’on rend encore une ame liberale ;
Et pour vanter aux roys l’eloquence royale,
Par où l’on