Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/242

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des bonnes actions ;
Le flambeau qui fait voir les choses naturelles ;
Et l’aigle qui nous porte aux beautez immortelles.
C’est elle qui voit tout ; c’est elle qui sçait tout ;
Qui connoist l’univers de l’un à l’autre bout ;
Qui voit tous les secrets au sein de la nature ;
Qui d’un estre invisible a bien fait la peinture ;
Qui des cieux loin de nous compte les mouvemens,
Et les divers effets des divers elemens ;
Qui donne aux grands estats, aux roys, aux republiques,
Les preceptes divins qui les font magnifiques ;
Qui soustiennent leur thrône, ou bien leur liberté ;
Et qui donnent la paix et la felicité.
C’est dans ces grands autheurs qu’on vuide la querelle,
De l’ame corruptible, et de l’ame immortelle :
Qu’on voit si l’univers dans son large contour,
Ou doit tousjours durer, ou doit finir un jour.
S’il eut commencement, ou s’il fut sans principe ;
S’il n’aura point de fin comme le croit Alcipe ;
S’il doit un jour finir comme Thales le croit ;
Si ce monde est formé des atomes qu’on voit ;
Si le monde est unique, ou s’il est plusieurs mondes ;
Et cent choses encor sçavantes et profondes,
Par où l’ame s’instruit, s’éclaire, et tient un lieu,
Qui semble eslever l’homme à la gloire d’un dieu.
Icy l’on voit encor les sectes differentes ;
La stoïque insensible aux mœurs tousjours constantes ;