Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/245

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Voit le piege tendu ; l’esvite sagement ;
Et suit le grand chemin pour aller seurement.
Icy des curieux et sçavans cabalistes,
Avec peu de travail on peut suivre les pistes :
Traverser apres eux ces sentiers escartez ;
Et des obscurs Hebreux demesler les clartez.
Tout ce que les rabins ont escrit de sublime ;
Et du grand nom de Dieu la force legitime ;
Et des nombres sacrez l’art tout misterieux ;
Et l’occulte pouvoir des images des cieux ;
Enfin tout le sçavoir de l’antique Judée,
Qu’elle dit luy venir de l’eternelle idée ;
Qu’elle pretend tirer du celeste thresor ;
Se trouve en ces escrits que l’on conserve encor.
De cét autre costé de mes rochers sauvages,
Des poëtes divins sont les divins ouvrages :
Ouvrages immortels par leurs beaux ornemens,
Des Grecs et des Latins les chefs-d’œuvres charmans.
Leur fureur poëtique est par son excellence,
De l’effort de l’esprit la derniere puissance :
Et leur rare sçavoir, tant il est admiré,
Paroist aux yeux du monde un sçavoir inspiré.
Des princes et des roys l’immortelle memoire,
D’ailleurs que de leur art ne peut tirer sa gloire :
L’oubly les enveloppe, et leur nom meurt comme eux,
Sans l’illustre labeur des poëtes fameux.
Oüy, roys, malgré le sceptre, et malgré la couronne,
Et le thrône pompeux que l’éclat environne,
Vostre nom n’ira