Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui leur font tousjours voir sans les quitter jamais,
Les biens qu’ils ont pû faire, et les maux qu’ils ont faits.
Ces monstres enragez, ces pestes des provinces,
Qui tremperent leurs mains dans le sang des bons princes,
Ils se sentent brusler, tous ces grands criminels,
Ces parricides mains, en des feux eternels.
Ces indignes prelats, qui par moyens injustes,
Brillerent de l’esclat de leurs mithres augustes,
Et qui vescurent mal dans leurs rangs eslevez,
Y souffrent des tourmens non jamais achevez.
Des ennemis du ciel, des aveugles athées,
Dans un feu plus cuisant les ames sont jettées :
Et là, de leurs erreurs le fatal souvenir,
Leur fait connoistre un dieu puis qu’il les sçait punir.
Ces mauvais conseillers des roys et des monarques,
Qui de leur tyrannie ont donné tant de marques,
Souffrent à tous momens des suplices nouveaux,
Et lassent tour à tour, bourreaux apres bourreaux.
Ces chancres affamez qui les peuples devorent ;
Ces meschans partisans que ces peuples abhorrent ;
Maudissent en ce lieu dans leurs afflictions,
Leur infame commerce, et leurs inventions.
Ceux qui d’un poison lent satisfirent leur haine,
Pour un crime si long ont une longue peine :
Car bien qu’elle soit dure au-delà du trespas,
Toute l’eternité ne la finira pas.
Ces langues de serpent, ces menteurs pleins d’envie ;
Ces lasches mesdisans de la plus belle vie,