Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/265

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Parole pour parole en rendent compte à Dieu,
Et sont recompensez dans ce funeste lieu.
Ces mauvais directeurs, ces trompeurs hipocrites,
Dont les moindres erreurs ne sont jamais petites ;
Qui trompent le credule en sa devotion,
Connoissent leur peché par leur punition.
Ceux qui fraudent le poids ainsi que la mesure,
Sont payez de leur faute, et mesme avec usure :
Et sentent, mais trop tard, dans l’eternel soucy,
Que c’est perdre beaucoup que de gagner ainsi.
Ces meres sans vertu, la honte des familles,
Dont le mauvais exemple a fait perdre les filles,
Dans ce severe lieu souffrent incessamment,
Pour ces doubles pechez un double chastiment.
Ces meres sans pitié, qui pour cacher leur faute,
En perdant leurs enfans, en font une plus haute,
Par ces spectres sanglans qui les suivent par tout,
Endurent des douleurs qui n’auront point de bout.
Ces meres sans honneur, dont le commerce infame,
Vend la pudicité ; vend le corps ; et perd l’ame ;
Endurent des tourmens qu’on ne peut concevoir,
Et connoissent trop tard leur crime et leur devoir.
Ceux qui desesperez se sont meurtris eux-mesmes,
Pour une extrême faute, ont des peines extrêmes :
Et tout l’enfer leur dit, en les venant blâmer,
Que qui ne s’ayme pas ne sçauroit rien aymer.
Enfin ce triste lieu voit dans son esclavage,
Toute condition, et tout sexe, et tout âge :
Mille et