Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/269

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Et respondant au roy des tenebreux manoirs,
Ces mots font retentir tous ces cachots si noirs.
Prince qui meritois une plus haute place,
Nous suivismes au ciel ta genereuse audace ;
Nous suivrons aux enfers tes desseins genereux,
Et les anges tombez oseront tout pour eux.
Nous sçavons qu’Alaric, que la gloire accompagne,
En partant d’Albion doit aller en Espagne :
Et que las de voguer sur l’empire des eaux,
C’est là qu’il doit quitter ses malheureux vaisseaux.
Volons, volons devant pour empescher sa gloire,
Vers ce peuple aussi fier que sa couleur est noire :
Taschons d’y faire entrer la terreur et l’effroy ;
Parlons-y des rigueurs, et des Goths, et du roy ;
Et comme l’Espagnol est nay superbe et brave,
Menaçons-le des fers, et traitons-le d’esclave :
Afin que par orgueil, par crainte, et par devoir,
Ce peuple armé s’apreste à le bien recevoir.
J’iray, j’iray moy-mesme exciter la tempeste :
De Rigilde eloquent la bouche est desja preste :
Car bien plus animé qu’il ne l’estoit jadis,
Il attend Alaric aux rives de Cadis.
Vostre conseil est bon ; je le crois salutaire ;
(Dit alors Astaroth, qui ne peut plus se taire)
Pour le desbarquement nous en aurons besoin ;
Mais selon mon advis il faut aller plus loin.
L’evenement douteux des choses de la guerre,
Ne nous doit pas borner dans l’iberique terre :