Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/274

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Ces mille, à mille encore, et dans moins de dix jours,
Toute l’Espagne bransle apres un tel discours.
Comme on voit aux forests la flâme devorante,
S’avancer d’arbre en arbre en sa fureur errante,
Et ne s’arrester point, qu’elle n’ait à la fois,
Embrazé les buissons, les herbes, et les bois.
De mesme ce grand bruit que la crainte accompagne,
Des rives de Cadis, va par toute l’Espagne :
L’allume de fureur de l’un à l’autre bout ;
Et met la pasle crainte, ou l’audace par tout.
L’on arme les vaisseaux ; l’on arme les galeres ;
Desja volent en l’air leurs enseignes legeres ;
Et desja de par tout entrent les combatans,
Dans les ramparts de bois de ces chasteaux flottans.
Mais lors que Belzebuth inspire sa furie,
Parmy le peuple fier de la noire Iberie,
Astharot s’aquittant de son funeste employ,
Dans un autre climast seme le mesme effroy.
Il se desguise en Grec en entrant dans Ravenne :
Il prend du jeune Eutrope une figure vaine :
D’Eutrope qui d’Arcade à toute la faveur :
Et le subtil demon se dit ambassadeur.
Il voit Honorius ; il luy parle ; il le presse ;
Avec l’art eloquent, que sceut si bien la Grece :
Et pour le retirer de son foible repos,
Apres ses complimens il luy tient ces propos.
Prince illustre et puissant, que Bisance vit naistre,
L’empereur d’orient, vostre frere et mon maistre,