Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Prenant part, comme il doit, à tous vos interests,
A desja des vaisseaux, et des hommes tous prests,
Afin de reünir au commun avantage,
L’empire divisé qui vous vint en partage :
Afin qu’estans unis vous en soyez plus forts,
Et puissiez repousser l’orage de vos bords.
Il a sceu qu’Alaric, prince voisin de Thule,
Vient de ces lieux glacez d’où le jour se recule,
Avec l’intention d’asservir les Romains,
Et croyant tenir Rome, et leur sort en ses mains.
Il part, il vogue, il vient, et sa flote s’avance :
Desja tremble l’Espagne au bruit de sa puissance :
Et desja d’Albion sont couvertes les eaux,
De l’ombre des hauts mats de cent et cent vaisseaux.
Ce dangereux torrent vient inonder l’empire :
Ce peuple belliqueux, rien que sang ne respire :
Et si vous n’agissez comme il est à propos,
Les Romains ses vainqueurs, seront vaincus des Goths.
Race de Constantin, et du grand Theodose,
Prince pensez à vous, et pesez bien la chose :
Songez pour prevenir les funestes hazards,
Que vous estes assis au thrône des Cezars :
Qu’il en faut soustenir, et le nom, et la gloire :
Et remporter comme eux, victoire sur victoire :
Et non pas endurer par excés de bonté,
Que nous soyons domptez par un peuple dompté.
Alaric est vaillant, mais enfin c’est un homme :
Toute la terre tremble au simple nom de Rome :