Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

diligens,
Ce que fait Alaric, et ce que font ses gents.
A peine le soleil paroist sur les montagnes,
Que tout le camp agit dans ces vastes campagnes :
Que tout va ; que tout vient ; et que tout est placé,
Pour reparer des nefs le desordre passé.
Icy tombent des pins les plus superbes testes ;
Icy fume la poix qui resiste aux tempestes ;
Icy les charpentiers font aller et venir,
Ce fer mordant et prompt, que l’on leur voit tenir :
L’un bas et l’autre haut, sur des perches croisées,
D’où tombent du grand tronq les planches divisées.
Icy mille maillets, par des coups redoublez,
Font retentir des monts tous les echos troublez :
Icy mille marteaux parmy les vallons proches,
D’un bruit aigre et sonnant, font respondre les roches :
Et durant quinze jours, bien avant dans la nuit,
S’estend de ces ouvriers le travail et le bruit.
Alaric les carresse ; Alaric les anime ;
Il paroist liberal autant que magnanime ;
Et pour haster l’ouvrage, avecques des presens
Il excite au labeur ces adroits artisans.
Mais comme il prend plaisir, à resver, à se taire,
Il s’escarte, et revoit l’illustre solitaire,
Qui chaque jour luy fait mille doctes discours,
De la foible raison l’infaillible secours.
Or comme le heros à l’ame toute pleine,
De l’éclattant portrait de cette grande reine,