Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/291

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Sans que tout leur effort puisse encor decider,
A qui doit le destin la victoire accorder.
Le vaillant Radagaise avancé sur sa proüe,
Tesmoigne une valeur que tout le monde louë :
Tu la sentis Fernand, Espagnol genereux,
Qu’on ne vit pas moins brave, et qu’on vit moins heureux :
Et de vingt comme toy la trame fut coupée,
Par cette dangereuse et redoutable espée.
Le fier Athalaric repoussé dans son bord,
Plus foible qu’on le croit, se trouve le plus fort :
Et de sa longue pique, à grands coups il separe,
Les soldats trop serrez du courageux Alvare.
Hildegrand au contraire, encor qu’il soit prudent,
Se trouve menacé d’un funeste accident :
Car lors que sur sa proüe il arreste une troupe,
Une galere encor vient investir sa poupe :
Tout tremble du grand coup dont son bord est frapé,
Et le sage guerrier se trouve envelopé.
Mais Haldan qui sur luy voit fondre cét orage,
Vogue diligemment, l’assiste, et le desgage :
Recevant en ce lieu, sur son large pavois,
Sans reculer d’un pas, mille traits à la fois.
Le Lusitanien, et la belle Laponne,
Disputent à l’envy l’immortelle couronne :
Diego de son bouclier couvre l’objet aymé ;
Elle de qui le cœur n’est pas moins enflâmé,
Avec son propre sein, couvre celuy qu’elle ayme ;
Et tous deux à leur pere en font apres de mesme.
O spectacle