Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/292

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admirable, autant qu’il est charmant !
L’amant deffend l’amante, et l’amante l’amant :
Et tous les deux ensemble, avec gloire eternelle,
Couvrent esgalement la teste paternelle :
Et tous deux genereux, tendans au mesme but,
Se preferent l’un l’autre à leur propre salut.
Wermond infatigable au travail de la chasse,
L’est de mesme au combat, et jamais ne se lasse :
Il presse ; il heurte ; il frape ; et sans peur de perir,
Il resoud en son cœur de vaincre ou de mourir.
L’on voit l’adroit Sigar mesnager sa fortune,
Et choisir à ses coups la rencontre oportune :
Ceder, plier, gauchir, reculer, esquiver,
Tomber mesme parfois, et puis se relever.
Le prudent Theodat, guerrier remply d’adresse,
Se deffent finement, d’Inigo qui le presse :
Fait sarper en arriere, et d’un robuste bras,
Jette dans ce navire un feu qui n’esteind pas.
Parmy l’humide bois la tardive fumée,
Se mesle à gros flots noirs à la flâme allumée :
Elles rampent ensemble, et ravagent par tout ;
Et de rouge et de noir, de l’un à l’autre bout,
Couvrent le grand vaisseau, qui sans aucun orage,
Voit sa perte assurée, et son prochain naufrage.
Le pasle marinier, certain de son tombeau,
N’a que le triste chois de la flâme ou de l’eau :
Et pendant qu’il hesite, et qu’il balence encore,
Ce vaisseau coule à fonds que la flâme devore :
Et la mer à son