Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/298

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S’arreste ; et ne suit plus l’Espagnol aux abois,
Afin de le revaincre une seconde fois.
Apres avoir donné ses ordres au pilote,
L’invincible Alaric revoit toute sa flote :
Leur porte le doux fruit de leurs travaux passez ;
Soûpire pour les morts ; console les blessez ;
Parle de leur valeur en termes honnorables ;
Esleve jusqu’au ciel leurs exploits memorables ;
Et bien que plus qu’eux tous il ayt veu le hazard,
A cette haute gloire il prend la moindre part.
Comme on voit l’ocean recevoir cent rivieres,
Sans estre plus enflé, ny ses ondes plus fieres :
Ainsi le grand succés au cœur de ce heros,
Ne met aucun orgueil non plus qu’en ses propos.
A ses propres captifs il fait benir leur chaisne ;
Et sans les affliger d’une parole vaine ;
Il impute au destin, sa gloire et leur malheur,
Bien qu’il la doive toute à sa propre valeur.
Cependant vers l’Espagne il fait tourner la proüe :
Et durant qu’il les flatte ; et durant qu’il les loüe ;
On vogue ; et le heros, bien qu’il n’en parle pas,
Prepare son courage à de nouveaux combats.
Mais le noir Belzebuth, et Rigilde en furie,
Sur les vaisseaux battus regagnent l’Iberie :
Où dés qu’ils sont à bord, le sorcier furieux,
Veut obscurcir l’éclat d’un roy victorieux.
Illustres combatans (dit ce faiseur de charmes)
Ce funeste accident ne vient point de nos armes :
Qui blâme