Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/308

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Et le bruit des tambours, et celuy des clairons,
Fait gemir apres luy les lieux des environs.
Mille et mille flambeaux touchent les yeux et l’ame,
Par l’objet lumineux d’une forest de flâme :
Dont la clarté mobile avançant lentement,
Est du triste convoy le lugubre ornement.
Les prestres deux à deux en chapes magnifiques,
Sur un chant pitoyable entonnent des cantiques :
Font esclatter leur zele ; et demandent au ciel,
Pour cét illustre mort le repos eternel.
Leurs beaux rangs sont fermez par le prelat d’Upsale,
De qui la majesté se fait voir sans esgale :
Car sa mithre à la teste, et sa crosse à la main,
Luy donnent un aspect qui paroist plus qu’humain.
De quatre chefs en deüil la droite est occupée,
A porter de ce mort, la cuirace ; l’espée ;
Le casque, avec la pique ; et douze autres encor,
Sous un superbe drap broché d’argent et d’or,
Par un zele devot, charitable, et fidelle,
Portent d’Athalaric la despoüille mortelle.
L’invincible heros en long habit de deüil,
Marche enfin gravement apres le grand cercueil :
Et derriere le roy cette pompe est fermée,
Par les hauts officiers de toute son armée :
Qui d’un visage triste, où l’on voit leur ennuy,
Le suivant deux à deux soûpirent comme luy.
Comme on voit quand l’automne est sans vert et sans gloire,
Des mouches sans vigueur la troupe errante et noire,