Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/349

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Tous deux sont animez d’une noble colere ;
Tous deux semblent voler aux penibles travaux ;
Et l’honneur et l’amour les font deux fois rivaux.
Cependant Alaric traversant l’Italie,
Ne voit rien qui ne cede, et qui ne s’humilie :
Et le bruit de ses faits, et de son grand destin,
Aplanit les sentiers, et trace le chemin.
La fuite des Romains a semé l’espouvente :
Et de quelque valeur que le Toscan se vante,
L’Arne voit sur ses bords ondoyer les drapeaux,
Et de fiers bataillons border ses claires eaux.
Desja ce camp nombreux qui marche avec furie,
Laisse loin les hauts monts de l’aspre Ligurie :
Genes aux grands palais ; Cirne fameuse en vins ;
Nole qu’on voit au pied des rochers Apenins ;
L’agreable Nicée, et le beau port d’Hercule ;
Sestre aux plaisans valons d’où le jour se recule ;
Et comme je l’ay dit, l’on voit ce conquerant,
Dans les champs d’Hetrurie où l’Arne va courant.
On le reçoit vainqueur dans la belle Florence :
Puis vers Pise aussi-tost le roy des Goths s’avance :
Laisse Luques à gauche, et voit sans s’arrester,
La ville des Sennois qui n’ose resister.
Ce vaillant ennemy de la grandeur romaine,
Passe du fleuve Iris, au lac de Thrasimene :
Puis portant plus à droit sa noble ambition,
Voit le fameux terroir apellé Latium.
De là marchant tousjours, à la fin ce grand homme,
Aaperçoit le premier les hauts temples de Rome :