Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/350

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Les monstre à son armée, et pour mieux l’animer,
Voila, dit-il, soldats, ce qui nous fit armer.
Voila genereux Goths, cette ville superbe,
Dont nous mettrons dans peu l’orgueil plus bas que l’herbe :
Voila Rome, marchons, dit-il à haute voix,
Marchons, marchons, respond tout le camp à la fois.
Comme dans les rochers creusez par la nature,
L’echo fait de la voix l’invisible peinture,
Et redit à son tour, en nous charmant les sens,
Tout ce que l’on a dit, accens apres accens.
Ainsi le camp des Goths qu’un mesme esprit anime,
Redit ce mesme mot de son roy magnanime :
Et faisant ce qu’il dit, tout marche fierement,
Vers les superbes murs veus en esloignement.
Jamais torrent enflé ne parut si rapide :
Tout le camp suit les pas d’Alaric qui le guide :
Tout s’avance vers Rome, et sa vaste grandeur,
Ne fait que redoubler leur genereuse ardeur.
Mais comme ce heros fait marcher son armée,
Il voit un sombre amas de poudre ou de fumée,
Qui s’esleve à grands flots, et qui desrobe aux yeux
Des superbes Romains les palais glorieux.
Dans ce nuage espais que forme la poussiere,
Il voit briller le fer d’une splendeur guerriere :
Ainsi qu’on voit en l’air parmy l’obscurité,
Des esclairs lumineux la subite clarté.
Ce redoutable objet plaist aux yeux du monarque :
L’on voit de son plaisir briller l’illustre marque :