Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/367

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chaleur on le voit escarté,
A l’air pur et serain redonner sa clarté.
Ainsi du grand heros, la voix forte et puissante,
Dissipe le chagrin de la troupe vaillante :
Et malgré la douleur d’un si sensible affront,
R’assereine ses yeux, et des-ride son front.
Alors ces braves chefs, poussez de mesme envie,
Jurent de se vanger, ou de perdre la vie :
Et promettent au roy, qui connoist leur valeur,
De reparer bien-tost leur faute ou leur mal-heur.
Mais comme il applaudit à leur noble pensée,
Il voit venir le chef de sa garde avancée,
Qui conduit à sa tente un heraut des Romains ;
Un rameau d’olivier, se fait voir en ses mains ;
Et Diegue, et Jameric, et la belle Laponne,
Resjoüissent ce prince, autant qu’il s’en estonne :
Car surpris de les voir, il ne sçait que juger,
Ny pourquoy les Romains cherchent à l’obliger.
Seigneur, dit le heraut, Valere qui m’envoye,
Dans la douleur publique, à senti quelque joye,
De pouvoir tesmoigner à vostre majesté,
Quel tendre sentiment en son ame est resté.
Par la noble rançon qu’il n’avoit point promise,
Son cœur reconnoissant, veut payer sa franchise :
Et ces trois prisonniers, qu’il vous offre par moy,
Seront cette rançon, ô magnanime roy.
Mais si vous desirez que la grace s’acheve,
Accordez pour trois jours une paisible treve :