Page:De Scudery - Alaric, ou Rome vaincue, 1654.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Afin que tous les morts, y puissent recevoir,
Le legitime honneur d’un funebre devoir.
Comme nous combattons par gloire et non par haine,
J’accorde toute chose à la vertu romaine,
Luy respond Alaric, car ses braves efforts,
Font voir plus d’un vandale, au milieu de vos morts.
J’accepte la rançon que Valere me donne :
Et comme je l’estime autant que ma couronne,
Je veux que cent captifs que je tiens dans mes fers,
A ce brave Romain en mon nom soient offers.
Dites luy donc, heraut, que sa vertu me charme ;
Qu’elle fait que je l’aime, et qu’elle me desarme ;
Et que si Rome un jour doit tomber sous ma main,
Alaric sçaura bien le traitter en Romain.
Alors sans plus tarder, ce monarque invincible,
Pour faire voir son cœur aussi grand que sensible,
De ces braves captifs, fait vuider ses prisons,
Et le heraut qui part, s’en va chargé de dons.
Ainsi durant trois jours, au pied de ces murailles,
L’un et l’autre party songe à des funerailles :
Et les soldats meslez, pendant qu’il est permis,
Font paroistre les Goths et les Romains amis.
Mais durant que chacun ses morts va reconnoistre,
Deux ames au baptesme, alors veulent renaistre :
Et d’un rayon du ciel, leur noble cœur touché,
Trouve sa propre vie, en la mort du peché.
C’est le vieux Jameric, et la belle guerriere,
Plus humble par la foy, qu’on ne la voyoit fiere :
Qu’au milieu